L’insémination artificielle avec sperme frais est la plus ancienne méthode d’Assistance Médicale à la Procréation. Il s’agit de suppléer l’acte sexuel par un dépôt de spermatozoïdes soit à l’entrée du canal cervical, ce qui n’a pas énormément d’intérêt (l’acte sexuel a la même fonction), soit par injection directe des spermatozoïdes dans la cavité utérine (Inséminations Intra Utérines ou IIU).
Les démarches administratives
Cette pratique est définie et légalisée depuis le vote de la Loi du 29 juillet 1994 qui prévoit des formalités administratives à remplir avant chaque insémination !
Il s’agit d’une véritable technique d’Assistance Médicale à la Procréation nécessitant un recueil et la préparation de gamètes, en l’occurrence des spermatozoïdes. L’acte clinique n’est pas soumis à un agrément, contrairement à l’acte biologique de préparation du sperme.
Donc, il est nécessaire de donner son consentement par écrit, de justifier de son identité, de présenter son livret de famille (ou son certificat de vie commune depuis plus de 2 ans, ou des preuves de vie commune ). L’homme et la femme formant le couple doivent être vivants au moment de l’acte, mariés ou en mesure d’apporter la preuve d’une vie commune d’au moins deux ans et consentants préalablement à l’insémination.
Le texte prévoit également qu’un test de migration-survie est obligatoire avant toute IIU et que toutes les sérologies ( HBS et HBC, HIV et TPHA ) sont faites. Le médecin est libre de prolonger le délai de réflexion d’un mois si cela lui paraît nécessaire.
En cas d’insémination avec donneur, on rajoutera l’accord du service assurant le don, l’exemplaire du consentement avec recours au don recueilli chez un notaire ou un juge aux affaires familiales délégué du tribunal de grande instance !
Cette pratique nécessite au préalable un bilan médical féminin et masculin complet, imposant la perméabilité d’au moins une trompe, d’un ovaire ayant fait la preuve d’une fonction ovulante, et de spermatozoïdes présents en quantité suffisante.
Les donneurs: mari ou tiers donneur
L’insémination artificielle est réalisée :
> soit avec le sperme du conjoint,
> soit en cas de stérilité définitive masculine ou si le partenaire est porteur d’une maladie grave et /ou héréditaire, présentant un risque pour l’enfant à naître, le recours à un don de sperme par un tiers donneur est autorisé. Dans ce cas, des procédures supplémentaires et différentes sont requises ( CECOS). Toujours dans ce cas , les inséminations de spermatozoïdes au niveau du canal cervical sont licites .
Les donneurs sont sélectionnés en fonction de plusieurs critères associant le pouvoir fécondant de leur sperme (ils ont déjà procréé), leur âge, leur morphotype (donneur qui ressemble au conjoint) et caryotype (cartographie des chromosomes), l’absence de maladies infectieuses décelables, l’absence de maladies génétiques, l’absence d’antécédents médicaux.
Vidéo présentant le concept de l’insémination artificielle
Les indications
L’insémination est indiquée dans les cas suivants :
> les troubles urologiques et sexologiques qui empêchent le déroulement normal d’un rapport sexuel jusqu’à son terme (éjaculation rétrograde, anéjaculation et parfois éjaculation précoce).
> les troubles de l’ovulation, et ce après plusieurs échecs de stimulation, ou lorsque les tests de Huhner sont variables.
> les infertilités idiopathiques, faute d’avoir des traitements spécifiques.
> une glaire cervicale inadéquate, défectueuse, épaisse, gênant la pénétration des spermatozoïdes.
> des anomalies cervicales (canal peu ou pas perméable), ou des glandes cervicales.
Ces indications visent à rétablir physiologiquement la progression normale des spermatozoïdes, une glaire cervicale normale (c’est-à-dire claire et filante), un endomètre normal, au moins une trompe perméable et au moins un ovaire homo latéral fonctionnel.
Faut-il y associer une stimulation de l’ovulation ?
N’ayant que peu ou pas de moyens d’action sur le sperme (quoiqu’une préparation soit susceptible d’augmenter par concentration des spermatozoïdes mobiles), le fait de rendre la femme hyper fertile peut augmenter les chances d’obtenir une grossesse car la stimulation de l’ovulation optimise la maturation des follicules, et ce sous-contrôle hormonal et échographique, et l’insémination facilite le rapprochement des gamètes mâles et femelles (mais le nombre de spermatozoïdes est qualitativement et quantitativement identique à celui produit dans l’éjaculât).
Les règles de la stimulation hormonale avec ou sans insémination restent les mêmes :
> traitement médicamenteux par voie orale ou injectable,
> surveillance de la stimulation hormonale,
> injection d’une hormone déclenchant l’ovulation,
> arrêt de la stimulation en cas de réponse inadéquate.
Le recueil et la préparation du sperme
Elle est soumise aux mêmes lois de Juillet 1994, et doit se faire par des personnes agréées. Le recueil est effectué le même jour que l’insémination et préparé de façon à séparer les cellules présentes dans l’éjaculat , et ne conserver que la majorité des spermatozoïdes mobiles, susceptibles d’être fécondants.
La règle d’une abstinence sexuelle les 2 jours précédents est de règle, mais est fonction de l’indication.
Tout événement pouvant perturbé la qualité ou la quantité du sperme doit être signalé (fièvre, maladies, prise de médicaments …)
L’insémination
La quantité injectée est fonction du nombre et de la mobilité des spermatozoïdes (1 à 10 millions de spermatozoïdes mobiles) et se fait dans la cavité utérine par un catheter fin. En cas de sperme de donneur ou de sperme congelé, la technique est identique. Il est nécessaire en cas de congélation-décongélation de sperme d’attendre 6 mois avant l’insémination, de façon à éliminer tout risque d’infections virales évolutives.
L’insémination est pratiquée en consultation, avec ou sans sédatif, parfois en position déclive, avec ou sans repos après. La femme peut reprendre une activité normale après et même avoir des rapports . Parfois, il est possible que des douleurs surviennent en post insémination . Elles cédent en général rapidement et sont dues soit à la stimulation hormonale et aux douleurs de l’ovulation, soit au sperme lui-même et aux prostaglandines qu’il contient.
Tout signe inhabituel impose un avis médical. Si , en général les règles ne surviennent pas 14 jours après l’insémination, un dosage de Béta HCG plasmatiques pourra confirmer la survenue d’une grossesse.
Les résultats
> les IIU sans stimulation multiplient par deux les chances de grossesse par rapport aux taux de grossesses spontanées chez les couples hypofertiles,
> l’association IIU et stimulations multiplient par cinq les chances de grossesse,
> les taux de grossesse par insémination sont d’environ 15 à 18% par cycle de traitement. 18% lorsqu’il y a au moins 1 million de spermatozoïdes inséminés, 6% pour 500 000 spermatozoïdes, et 0% en dessous,
> les résultats sont dépendants de l’âge de la femme: 18% avant 35 ans, 13% entre 35 et 39 ans, 10% après 40 ans …
> les résultats dépendent du nombre de tentatives : 20% à la première, 15% à la troisième et quatrième, 10% à la cinquième… Ceci est aussi fonction du moral.
Les échecs
En cas d’échecs d’inséminations, 6 à 8 en général, il y a lieu de reconsidérer tous les paramètres : ovulation, état tubaire, spermatozoïdes, utérus . En cas de « normalité » de ceux-ci, il est impératif de tester le pouvoir fécondant du sperme et le pouvoir d’être fécondé de l’ovocyte.
Dans ce cas, la Fécondation In Vitro (ou la micro-injection ICSI ) permettra de visualiser les gamètes, de vérifier s’il y a ou non fécondation, et d’apprécier la capacité des gamètes de produire un embryon.
La prise en charge
La Sécurité sociale rembourse au maximum 6 cycles d’inséminations.
Outre le temps passé à résoudre les problèmes administratifs, le code de la Sécurité Sociale prévoit l’exonération du ticket modérateur pour les examens nécessaires au diagnostic de la stérilité et son traitement.
En cas de dépassement d’honoraires, ceux-ci sont à votre charge ou à la charge de certaines mutuelles.
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