L’insémination artificielle

Votre médecin vous a prescrit une insémination artificielle, mais vous ne connaissez pas encore très bien cette méthode ? C’est la plus ancienne technique de procréation médicalement assistée ou PMA avec un taux de réussite cyclique d’environ 10 à 15 %. De quoi s’agit-il exactement ? Comment en bénéficier ? Comment cela se passe-t-il ? Existe-t-il des risques, des complications ? On fait le point !

Sommaire :

Définition
Types d’insémination
Procédures pré-insémination
Examens
DéroulementPour la femmePour l’hommeAvec un donneur
Principales étapes
Risques et complications
Résultats
Remboursement et prise en charge

 


 

Qu’est-ce que c’est ?

L’insémination artificielle a été la première technique utilisée pour remédier à l’infertilité. Elle est généralement réalisée à l’occasion une consultation gynécologique au cours de laquelle le médecin insère un cathéter par le vagin pour placer le sperme dans la cavité utérine. On parlera alors d’insémination intra utérine (IIU). Il y a également ce que l’on appelle insémination intra-cervicale (IIC) lorsque le sperme est introduit dans la partie cervicale (à l’entrée du col de l’utérus). Plus généralement, il s’agit d’une méthode facilitant la fécondation (la rencontre entre l’ovule et le spermatozoïde) passant par les voies naturelles.

Elle est régulièrement recommandée aux personnes ayant des problèmes de fertilité afin de compléter la stimulation ovarienne. Chez la femme, elle permet de remédier à la quantité insuffisante et à la mauvaise qualité de la glaire cervicale. Et chez les hommes, elle est conseillée si la quantité de spermatozoïdes produite est faible. Dans certains cas, le couple peut aussi recourir à un donneur de sperme si ces gamètes mâles ne sont pas exploitables.

 

Les deux types d’insémination artificielle

Il existe deux types d’insémination artificielle, le premier étant l’insémination artificielle inter-couple ou IAC qui consiste à insérer le sperme du partenaire dans l’utérus. Il y a ensuite l’insémination artificielle avec donneur ou IAD où le sperme utilisé est celui d’un donneur anonyme. Dans ce cas, l’enfant n’aura pas de liens de sang avec son père.

Comment choisir la bonne méthode ? Le médecin recommande généralement l’IAC dans les circonstances suivantes :

  • La glaire cervicale de la femme ne peut permettre la fécondation ;
  • L’impuissance de l’homme empêche les spermatozoïdes de rejoindre l’ovocyte ;
  • Il se peut qu’il y ait un dysfonctionnement de l’ovulation, des problèmes anatomiques du col de l’utérus, accompagnés ou non d’altérations fonctionnelles.

Par ailleurs, l’IAD est plus recommandée dans les cas suivants :

  • Stérilité de l’homme dû à l’inexistence de spermatozoïdes ;
  • Maladie génétiquement transmissible chez l’homme.

 

La procédure à suivre avant l’insémination

En France, pour pouvoir effectuer une insémination artificielle, il faut suivre les procédures légales liées à l’AMP (Aide Médicale à la Procréation) dictées par les lois Bioéthique de juillet 1994. Il y est stipulé que tous les couples qui souhaitent recourir à cette méthode de procréation médicalement assistée doivent avoir vécu ensemble pendant 2 ans. Ces personnes qui sont obligatoirement vivantes (article L 152-2 du Code de Santé Publique) ont également l’âge d’être parents.

L’insémination artificielle est parfois la seule chance pour les couples d’avoir un enfant. Si la stérilité ne touche que l’un ou l’autre partenaire, des justifications médicales sont nécessaires. Il en est de même si l’un d’eux est porteur d’une maladie héréditaire grave qu’il pourrait transmettre à l’enfant.

Dans le but de connaître les vraies motivations des futurs parents, le médecin leur propose des entretiens en couple et individuels. Ces rencontres leur permettent de discuter du déroulement, des risques, et de la réussite de l’intervention. Le médecin peut également leur parler des solutions possibles si les tentatives ne donnent aucun résultat positif. L’objectif de cette démarche est de permettre au couple de prendre leur décision librement. Un accord écrit est ensuite rédigé s’il consent à l’intervention.

Mis à part les formalités médicales, il y a également des procédures administratives à respecter. Avant d’entamer l’insémination artificielle, le couple doit fournir les documents suivants :

  • Formulaire de consentement fourni par le médecin et dûment signé par les futurs parents ;
  • Demande attestant la prise en charge totale par la sécurité sociale (exonération du ticket modérateur) ;
  • Demandes relatives à l’entente préalable pour toutes les interventions biologiques et cliniques ;
  • Attestation de vie commune pour ceux qui vivent en concubinage depuis plus de deux ans ou certificat de mariage.

Chaque tentative doit être communiquée au médecin biologiste. Selon le guide de bonnes pratiques de l’Afssaps du mois d’avril 2004, il est plus convenable de limiter le nombre d’inséminations à 6. De plus, la Sécurité sociale ne couvre plus les dépenses si elles dépassent ce quota.

 

Les examens à effectuer

Chaque partenaire doit passer différents examens avant le traitement.

Pour la future mère, il faut :

  • Un bilan clinique qui inclut le frottis cervico-vaginal, une auscultation de l’utérus et une échographie pelvienne ;
  • Une hystérosalpingographie qui permet de vérifier si la perméabilité des trompes de Fallope ;
  • Un examen hormonal ;
  • Des bilans sanguins valables pour une année qui permettent de détecter le Sida, la toxoplasmose, la rubéole, les hépatites C et B.

Pour le futur père, il faut :

  • Des bilans sanguins valables pour une année qui permettent de déceler le chlamydiae, le sida, la syphilis ou les hépatites B et C ;
  • Un bilan clinique ;
  • Un test de migration survie, un spermogramme, un spermocytogramme, une spermoculture. Leur durée de validité est de 6 mois.

 

Comment cela se déroule-t-il concrètement…


Pour la femme ?

Les patientes peuvent être classées en deux catégories selon leur ovulation. Il y a d’abord celles dont l’ovule est produit spontanément. Dans ce cas, le médecin ne fait plus que vérifier l’hormone lutéinisante ou LH qui indique l’ovulation. Il y a ensuite celles qui ont besoin d’une stimulation ovarienne accompagnée d’un suivi médical strict. La future mère doit alors faire des échographies et des bilans sanguins qui permettront de définir le moment le plus adapté pour l’injection de l’hormone gonadotrope chorionique ou HCG. Cette dernière déclenchera la production de l’ovule. L’insémination se fait alors 36 heures après cette intervention.

Pour l’homme ?

Lorsque la date d’ovulation est déterminée, le spécialiste s’occupe du futur père. 5 jours d’abstinence sont recommandés avant de recueillir le sperme pour s’assurer de la maturité des spermatozoïdes. Le recueil, quant à lui, se fait dans le laboratoire où doit se dérouler l’insémination artificielle. Afin d’optimiser les chances de réussite, les biologistes préparent le sperme de manière à ne sélectionner que les spermatozoïdes les plus mobiles. Pour une insémination de sperme frais, ceux-ci sont mis dans une seringue et transférés à la salle d’insémination.

Avec un donneur anonyme ?

Ce sont les Centres d’étude de conservation des œufs et du sperme (ou Cecos) qui fournissent le sperme aux couples. On les trouve généralement dans les grands centres hospitaliers universitaires. La sélection se fait habituellement sur la base d’une règlementation stricte.

Lorsque le couple ne peut pas fournir le sperme lui-même, l’identité du donneur ne peut pas être dévoilée aux futurs parents. Le choix du donneur repose également sur quelques critères, dont l’âge (moins de 45 ans) et le nombre d’enfants (au moins deux). Il est également important qu’il obtienne le consentement de sa partenaire. Avant le don, le donneur doit effectuer différents tests de dépistage dans des centres reconnus, des examens qui se poursuivront 6 mois après le prélèvement.

Ensuite, le sperme, qui se présente sous forme de paillettes, est placé dans de l’azote liquide à une température de -196°. Le médecin sélectionne généralement le donneur de manière à ce que ses caractéristiques correspondent à celles du futur père. Pour terminer, notons qu’il n’est pas possible de dépasser 5 enfants par donneur.

 

Les principales étapes


L’insémination artificielle comprend trois étapes :

  • La stimulation de l’ovulation

Les gonadotrophines (les hormones glycoprotéiques qui agissent sur les gonades) utilisées pour stimuler l’ovulation peuvent être utilisées seules ou avec du Citrate de Clomifène (un médicament inducteur de l’ovulation). La stimulation donne naissance à un ou trois follicules qui permettront d’augmenter les chances de réussite de l’insémination artificielle et de la réaliser au cours de la période ovulatoire. Cette étape s’accompagne d’un monitorage de l’ovulation.

  • Le déclenchement de l’ovulation

L’hormone gonadotrope chorionique qui est injectée le soir entraîne la production d’un ou de plusieurs follicules matures après 36 à 40 heures. Le déclenchement de l’ovulation se fait seulement lorsque ces dernières mesurent entre 17 et 18 mm. Afin d’éviter une grossesse multiple de plus de deux ou trois embryons, il ne doit pas y avoir plus de 3 follicules. Il est également important de s’assurer que chacune d’elle contienne 250pg/ml d’oestradiol (une hormone « féminine »). Pour que l’implantation de l’embryon puisse avoir lieu, l’endomètre doit faire plus 8 mm d’épaisseur lors du déclenchement.

  • L’insémination intra-utérine proprement dite 

Avant cette étape, une abstinence de 3 à 5 jours est nécessaire. L’insémination intra-utérine se fera ensuite 36 heures après le déclenchement de l’ovulation. Le sperme du partenaire est également recueilli au même moment dans un laboratoire affecté à cet effet. Le spécialiste de la biologie effectue alors une analyse de ce gamète mâle, le met dans un flacon et le transporte jusqu’au lieu de l’insémination.

Que se passe-t-il pendant l’intervention ? La future mère s’allonge sur le dos puis plie ses genoux comme pour un examen gynécologique ordinaire. Le sperme est alors placé dans un cathéter flexible et fin que le médecin insère à l’intérieur de son utérus à travers le spéculum. Après l’avoir retiré, la patiente reste allongée sur la table pendant 10 minutes. Il s’agit d’une opération indolore et rapide, car une fois terminée, la future maman pourra déjà reprendre ses habitudes. Elle peut même avoir des relations sexuelles dans les 24h qui suivent l’intervention, cela peut d’ailleurs augmenter ses chances de tomber enceinte.

 

Existe-t-il des risques et complications ?

Toutes les méthodes d’assistance médicale à la procréation présentent des risques, mais elles sont tout de même rares pour les inséminations intra-utérines :

  • Stimulation excessive de l’ovulation : la patiente ressent une douleur au niveau du ventre et est sujette à des vomissements ainsi que des nausées. Son ventre grossit et elle prend du poids. Des problèmes respiratoires ou thrombo-emboliques (formation de caillots sanguins dans les veines pouvant atteindre les poumons) peuvent également survenir ;
  • Grossesse extra-utérine ;
  • Avortement spontané ;
  • Grossesse multiple : dans 20 % des cas, l’insémination intra-utérine peut entraîner une grossesse gémellaire, triple ou même plus.

 

Les résultats et le taux de réussite

Lorsque l’insémination est achevée, il est tout à fait normal de se demander si elle est réussie ou non. Pour le savoir, il faudra attendre un retard des règles, puis attendre deux semaines avant de faire un test sanguin de grossesse. Si celui-ci est positif, il faudra le refaire 2 jours plus tard.

Puis, à six semaines d’aménorrhée ou à 4 semaines de grossesse, le médecin prescrit une première échographie au cours de laquelle il vérifie l’emplacement et le nombre d’embryons. Si les différentes tentatives vouent à l’échec, le couple peut demander une micro-injection (ICSI) ou une fécondation in vitro (FIV).

À chaque cycle de traitement, la patiente a 10 à 15 % de chance de tomber enceinte grâce à cette méthode. Après 6 essais, le taux de réussite atteint jusqu’à 50 %. Si le traitement échoue à l’issue de ces tentatives, les chances diminuent considérablement.

 

Remboursement et prise en charge ?

Les inséminations artificielles sont intégralement couvertes par la Sécurité sociale. Cependant, pour bénéficier de cette prise en charge, il faudra fournir un certificat médical au centre de Sécurité sociale. Le ticket d’exonération, lui, ne peut être délivré par le médecin-conseil du centre d’Assistance médicale à Procréation qu’après un entretien avec le couple.