Malgré le rejet de la première partie du projet de loi visant à établir un congé menstruel pour les femmes souffrant de règles douloureuses, les défenseurs de cette mesure ne baissent pas les bras et continuent à plaider en faveur des droits des femmes.

 

Le projet de loi repoussé mais pas abandonné

Le 27 mars dernier, la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale a rejeté l’article 1 du projet de loi relatif au congé menstruel. Sébastien Peytavie, député écologiste et rapporteur, a exprimé sa grande déception face à cette décision. Toutefois, il reste confiant quant à la possibilité de voir ce texte adopté lors de son examen en séance le 4 avril prochain dans le créneau du groupe parlementaire écologiste. « La lutte sera longue, mais elle n’est pas vaine », déclare-t-il, ajoutant que « la société est prête » pour la mise en place de cette mesure, contrairement à certains membres de la classe politique divisés sur la question.

 

Les arguments en faveur du congé menstruel

Pour les partisans de cette mesure, l’instauration d’un congé menstruel serait une avancée significative pour reconnaître la souffrance endurée par certaines femmes durant leurs règles. Les symptômes liés à la dysménorrhée invalidante, ou syndrome des règles douloureuses, sont variés : vomissements, maux de ventre, diarrhée…

  • Le texte proposé prévoyait la possibilité de prendre jusqu’à treize jours de congés maladie par an – sans jours de carence et indemnisés par l’assurance maladie – sur présentation d’un certificat médical.
  • Ce dispositif encouragerait également les femmes à entreprendre un suivi médical. « Souvent, elles ont renoncé à se soigner depuis longtemps », explique Isabelle Derrendinger du Conseil national des sages-femmes au journal Le Monde.
  • Plusieurs municipalités de gauche ont déjà pris l’initiative d’instaurer ce dispositif pour leurs employées : Grenoble, Strasbourg (consulter l’article de 20 Minutes sur le sujet), Lyon, Arras… 15% des 212 employées concernées l’ont déjà utilisé depuis le 27 mars 2023.

« Ce n’est pas normal »

Faisant écho aux nombreuses voix qui minimisent la souffrance liée aux menstruations, Isabelle Derrendinger rappelle avec force dans une interview relayée dans Le Monde : « Non, ce n’est pas normal. Les femmes ne doivent pas vivre leurs douleurs comme une implacable fatalité. ». Selon elle, l’établissement d’un congé menstruel permettrait enfin de considérer cette souffrance non plus comme une affaire privée, mais comme un problème de santé publique légitime.

 

Les freins à la mise en place du congé menstruel

Cependant, certaines forces politiques s’opposent à l’instauration de cette mesure. Les partis de droite rejettent notamment l’idée d’un congé menstruel, considérant qu’il s’agit là d’une affaire privée dont les femmes doivent assumer seules la charge.

Par ailleurs, des arguments tels que l’intrusion dans la vie privée des employées et le risque d’une discrimination à l’embauche pour les jeunes femmes sont également avancés pour justifier le rejet de cette proposition.

 

Vers une amélioration du dispositif ?

En attendant l’examen de ce texte par l’Assemblée nationale, certaines municipalités, à l’image de Strasbourg, envisagent d’aller plus loin en proposant non seulement un congé menstruel, mais également un congé consacré aux pathologies gynécologiques, telles que la ménopause. L’idée est de permettre aux femmes de prendre soin de leur santé sans subir de préjudice professionnel.

S’ils sont encore loin de faire l’unanimité, ces projets témoignent néanmoins d’une volonté grandissante d’aborder les questions liées à la santé des femmes avec sérieux et respect. Reste à savoir si les pouvoirs publics sauront s’en inspirer pour légiférer en conséquence.