Pour des raisons médicales, le déclenchement artificiel d’accouchement consiste à provoquer le travail de manière à ce que le bébé vienne au monde à une date programmée (déclenchement de convenance) ou en urgence. C’est également une manière d’éviter la césarienne et certains risques qui peuvent affecter la santé de la future maman. Qu’est-ce que c’est exactement ? Pourquoi y avoir recours ? Quelles sont les techniques utilisées ? Existe-t-il des alternatives… On vous dit tout !

 

En quoi consiste le déclenchement d’accouchement ?

Les médecins peuvent déclencher la naissance d’un bébé s’il y a urgence médicale ou à une date décidée avec les futurs parents. L’accouchement est par exemple programmé lorsque la grossesse entraine des risques de santé importants pour la mère et/ou l’enfant notamment lorsqu’elle a dépassé la DPA (date prévue de l’accouchement). Il a également lieu lorsqu’une maladie entraine des risques importants pour la maman et/ou son bébé ou que l’un des deux parents risque de ne pas être présent lorsque l’accouchement naturel aura lieu. Dans ce dernier cas, ils demandent souvent de provoquer l’accouchement.

Pour que la procédure soit validée, plusieurs conditions doivent être réunies. Par exemple, le déclenchement dure entre 24 et 48 heures et doit se dérouler près d’une salle de césarienne. La femme enceinte, elle, doit avoir fait tous ses examens médicaux (bilans biologiques, consultation…) pour voir si cela est faisable. Si c’est le cas, la future maman est toujours informée de tous les avantages, inconvénients, contre-indications et risques d’échecs de cette pratique. On lui expliquera également l’obligation, s’il y a lieu, de procéder à une césarienne.

Le jour J, elle sera placée sous monitoring afin de surveiller son état de santé et celui de son bébé. Pour atténuer les douleurs lors des contractions, les médecins lui recommandent souvent une péridurale puisque les contractions sont plus intenses par rapport à celles lors d’un accouchement naturel spontané. Et en général, l’accouchement s’effectue à l’aide d’une ventouse ou de forceps.

 

Qu’est-ce que le déclenchement pour cause médicale ?

À l’issu des examens réguliers, d’un contrôle ou d’une simple consultation de la future maman, les médecins peuvent recommander, voire décider de déclencher l’accouchement. Prolonger une grossesse peut effectivement être plus risqué qu’un accouchement immédiat compte tenu de l’état de santé de la maman ou du fœtus lorsque :

  • La grossesse excède la 41e semaine (41e semaine + 6 jours) ;
  • La poche des eaux se rompt prématurément, sans déclenchement de travail, exposant alors le bébé à d’importants risques d’infection ;
  • La maman souffre d’un diabète et risque d’accoucher un gros bébé. Dans ce cas, le déclenchement s’effectue vers la 38e semaine ;
  • Le bébé est victime d’un retard ou arrêt de croissance ou d’un problème de rythme cardiaque ;
  • L’état de santé de la maman est grave : pré-éclampsie, crise d’asthme sévère, hypertension, etc.

Dans tous les cas, les médecins s’appuient toujours sur les résultats d’un monitoring permanent du rythme cardiaque du bébé pour voir si le déclenchement de l’accouchement est nécessaire.

Qu’est-ce que le déclenchement de convenance ?

Le déclenchement de convenance du travail est décidé par les futurs parents et les médecins avec consentement mutuel pour diverses raisons cette fois-ci non médicales. Il s’agit d’une décision de « confort » aussi bien pour la maman (organisation familiale, motif psychologique, disponibilité…) que pour l’équipe médicale (organisation des moyens humains, capacité d’accueil, organisation des horaires et des jours de travail…).

La femme d’un militaire, par exemple, peut programmer le jour de son accouchement avant le départ de son mari en mission. De la même manière, les médecins peuvent proposer l’accouchement programmé pour organiser les places en maternité, profiter de la présence de toute l’équipe obstétrico-pédiatrique ou encore pour éviter de travailler les jours fériés par exemple.

Dans tous les cas, la programmation dépend principalement de l’âge de la grossesse et de l’état du col de l’utérus, l’idéal étant d’accoucher aux alentours de la 39e et de la 40e semaine d’aménorrhée. Les médecins éviteront de déclencher l’accouchement avant les 37 semaines révolues (risque de prématurité) et après les 42 semaines révolues (risque de post maturité).

 

Quelles sont les techniques utilisées ?

Aujourd’hui, on recourt à deux méthodes : soit via des méthodes dites mécaniques, soit à l’aide de médicaments. Ces techniques sont les mêmes selon qu’il s’agisse d’un déclenchement sur indication médicale ou d’un accouchement programmé. Hormis les conditions liées à l’âge du fœtus, plusieurs critères doivent être respectés :

  • Précision dans la datation de grossesse (condition de maturation du fœtus) ;
  • Bilan biologique bien à jour ;
  • Monitoring permanent ;
  • Confrontation fœtopelvienne optimisée ;
  • Absence de contre-indications ;
  • Col de l’utérus dans les meilleures conditions selon le score de Bishop, une technique permettant d’évaluer la réussite du déclenchement et la méthode adaptée.

 

Le décollement des membranes ou stripping

Cette méthode est généralement utilisée après le terme de la grossesse (40e semaine), dans le cadre d’un déclenchement de convenance ou accouchement programmé. Le stripping consiste à insérer un doigt au niveau du col de l’utérus pour décoller les membranes amniotiques de la paroi utérine grâce à des mouvements circulaires. Cette opération permet ensuite de libérer une charge de prostaglandines (des acides gras insaturés) qui stimulera les contractions. Le travail peut ensuite commencer 48 heures après le décollement, mais ce résultat ne se produit pas toujours systématiquement.

Les médecins peuvent donc décoller les membranes de manière hebdomadaire dès la 38e semaine de grossesse. Cela peut même se pratiquer quotidiennement à partir de la 41e semaine, car dans la plupart des cas, l’efficacité de cette pratique dépend du nombre de ses répétitions.

Comme toute pratique médicale, celle-ci présente des risques pour la patiente : certaines femmes peuvent ressentir de fortes douleurs, notamment lorsque le médecin a du mal à atteindre le col de l’utérus. On notera également des risques de saignements, d’irritations de l’utérus et de contractions inefficaces (sans travail).

 

L’amniotomie

L’amniotomie ou rupture artificielle des membranes (ou poche des eaux) consiste à percer la poche des eaux qui entoure le bébé de manière à faire écouler le liquide et déclencher spontanément les contractions. Concrètement, le médecin examine d’abord le vagin, puis vérifie si le bébé s’appuie bien sur le col et s’il est bien engagé. Pour réaliser l’opération, le col de l’utérus devra être dilaté d’au moins 2cm. Si toutes ces conditions sont respectées, le médecin pourra gratter la poche des eaux avec un petit crochet en plastique à long manche.

L’amniotomie n’est pas douloureuse, mais elle peut être inconfortable pour certaines femmes. Quant au bébé, il risque d’être exposé à des infections avec la libération du liquide et le travail qui n’est pas systématiquement déclenché.

 

Les prostaglandines E2

Pour un accouchement programmé, le col de l’utérus doit être favorable (ou mature). Mais en cas d’urgence médicale, les conditions locales ne sont pas toujours favorables d’où le recours aux prostaglandines E2. Cette pratique est très efficace même si le col de l’utérus est encore immature et présente généralement moins de risques par rapport à toutes les autres techniques.

Concrètement il s’agit d’une hormone vaginale libérée naturellement par la perte des eaux lors d’un accouchement normal spontané. Cette substance permet ensuite de favoriser la dilatation du col de l’utérus et de stimuler le travail. La méthode de déclenchement artificiel consiste alors à introduire dans le vagin un comprimé, un gel ou un pessaire (ou mini-tampon) contenant une prostaglandine synthétisée, un dérivé synthétique de la prostaglandine E2 (appelé dinoprostone) pour provoquer la maturation du col.

Lorsque le médecin utilise un pessaire (un dispositif qui est placé à l’intérieur du vagin), les prostaglandines s’appliquent en une seule fois puisque le « mini-tampon » introduit la substance en petites quantités sous 24 heures. Dans les autres cas, la procédure se répète toutes les 6 heures jusqu’à ce que le travail commence.

 

La perfusion d’ocytocine

L’ocytocine est une hormone libérée par les systèmes nerveux de la femme enceinte et du bébé pour stimuler l’utérus et provoquer des contractions lors d’un accouchement spontané. Le déclenchement artificiel utilise une forme synthétique de cette hormone, une substance appelée pitocin qui sera introduite avec un compte-goutte ou un pousse-seringue. Cela permet de produire des contractions à une fréquence souhaitée et dans une intensité normale, en contrôlant les doses administrées.

La perfusion s’effectue toutes les 30 minutes, en augmentant progressivement les doses, jusqu’à ce que les contractions arrivent à un niveau satisfaisant. L’équipe médicale réalise ensuite un monitoring continu avec un premier capteur pour surveiller le rythme cardiaque du bébé, puis un autre pour observer les contractions. L’étape suivante ? L’amniotomie pour favoriser la réussite du déclenchement artificiel.

La perfusion de pitocin est indispensable lorsque les autres techniques de déclenchement ont échoué ou sont contre-indiquées. Mais pour qu’elle soit 100% efficace, le col de l’utérus doit être mature, avec notamment un score de Bishop élevé (un score clinique pour évaluer la maturité du col utérin en fin de grossesse). Le risque de cette pratique, quant à lui, est lié au débit d’ocytocine administré, pouvant être trop élevé et par conséquent sur-stimuler l’utérus. Dans ce cas, les contractions deviendront douloureuses puisqu’elles sont plus intenses et plus fréquentes. Il est donc très fréquent que la future maman demande une péridurale pour l’aider à supporter les douleurs.

 

Y a-t-il des alternatives au déclenchement artificiel ?

Hormis les méthodes mécaniques et médicamenteuses, différents gestes pourraient favoriser le déclenchement du travail, même si leur efficacité n’a pas encore été prouvée. Les relations sexuelles, par exemple, sont réputées favoriser le déclenchement de l’accouchement, car la femme enceinte produit de l’ocytocine lorsqu’on lui stimule les mamelons et qu’elle atteint l’orgasme. Du côté du papa, le sperme permettrait au col de l’utérus de gagner en maturité grâce aux prostaglandines qu’il contient.

En dehors des rapports sexuels, la future maman peut également stimuler elle-même ses mamelons (à l’aide d’un tire-lait, en se massant les seins, en roulant ses mamelons) pour sécréter de l’ocytocine naturelle et le libérer dans les vaisseaux sanguins.

D’autres méthodes qui permettraient de stimuler le travail : l’homéopathie, l’acupuncture, l’huile d’onagre ou encore l’huile de ricin.

 

Quels sont les risques ?

Si le déclenchement d’indication médicale est inévitable lorsque les médecins le recommandent, les futurs parents ont toujours le choix lorsqu’il s’agit d’un accouchement programmé. Mais malgré les avancées intéressantes dans ce domaine, cette opération présente toujours de potentielles complications. La future maman devra ainsi toujours se préparer à toute éventualité en s’informant avant tout de tous les risques qu’elle peut courir et des pratiques pour mieux vivre cette expérience (méthode de gestion des douleurs, techniques de déclenchement adaptées, etc.). Elle doit surtout accepter l’éventualité d’une césarienne en cas d’échec de l’opération dû à plusieurs facteurs : contre-indications, intolérance à certaines substances, absence de résultat sur la dilatation du col, contractions sans démarrage du travail, etc.