D’ici 2022, 36% des assistantes maternelles iront à la retraite alors que l’on en enregistre désormais -1,6% en activité depuis 2014. Le nombre de parents employeurs a également chuté à -0,9% en 2014. Des chiffres inquiétants qui reflètent une véritable crise pour la profession.

 

Une nouvelle baisse d’activité pour la profession

En France, les enfants de moins de 3 ans se font dans la majorité des cas garder par une assistante maternelle en France. Selon l’Observatoire national de la petite enfance, il y a eu 33 places pour 100 enfants en 2013, un chiffre qui tend pourtant à baisser progressivement au fil des années, et ce, depuis 2008.

Le nombre d’heures déclarées des assistantes maternelles n’a cessé de baisser depuis cette crise, contrairement à ce qui s’est passé entre 2004 et 2007. Durant cette période, leur activité battait encore pleinement des ailes avec +8% d’augmentation environ par an. Mais ce fut une période courte puisque ces chiffres ont tendance à baisser considérablement d’année en année. En 2013 par exemple, le nombre de ces heures déclarées a baissé à 0,2% et a même franchi la barre des 0 en 2014 avec -1,6% contre +8,1% en 2006. Le nombre des parents employeurs n’a pas non plus été épargné par la crise, car en 2014 par exemple, il a chuté à -0,9% contre +5,6% en 2007.

Comment expliquer cette situation ? Tout simplement par la crise de 2008 qui a depuis poussé un grand nombre de parents à faire garder leur enfant par leur famille. Aussi, devenir employeur pour eux demande des frais même si l’État prévoyait un système de tiers payant. Celui-ci est défini par la convention d’objectifs et de gestion (COG) 2013-2017 mit en place par le gouvernement dans le cadre du complément de libre choix du mode de garde de la prestation d’accueil du jeune enfant (Paje). Ainsi, si les assistantes maternelles travaillaient encore à plein temps 4 à 5 jours par semaine, leur activité a considérablement baissé depuis.

Le nombre d’enfants qu’elles accueillent chaque année est en chute libre lui aussi. Selon les chiffres dévoilés par le HCF (Haut conseil de la famille), on enregistre une baisse de -1900 d’enfants accueillis en 2013, puis -6900 en 2014 malgré la convention d’objectifs et de gestion 2013-2017 du gouvernement. Celui-ci avait pourtant prévu que les assistantes maternelles accueilleraient 20 000 enfants de plus par an, des chiffres bien loin de la réalité. Cette situation alarmante touche quasiment toutes les régions françaises excepté La Réunion, la Guadeloupe et Provence-Alpes-Côte d’Azur qui ont été épargnées par la crise.

 

Une baisse du nombre d’assistantes maternelles

Certes, le nombre d’heures déclarées des assistantes maternelles est en chute libre, tout comme celui des enfants qu’elles accueillent et celui des parents employeurs. Mais l’effectif de ces assistantes maternelles déclarées au Centre Pajemploi baisse lui aussi chaque année depuis la crise de 2008. En 2014 par exemple, on enregistre une baisse à -1,8% contre +8,3% en 2007. Et entre 2013 et 2014, 7000 d’entre elles n’ont plus été déclarées.

évolution du nombre d'assistantes maternelle

D’ici 2022, 126 000 d’entre elles devraient passer du statut d’employée à celui de retraitée au regard de la moyenne d’âge de la profession. Si elles avaient en moyenne 44 ans en 2000, elles étaient âgées de 47 ans en général en 2014. Aussi, 20% d’entre elles atteignaient 60 ans, voire plus alors qu’on en enregistrait que 13,5% en 2009.

Selon le responsable communication à l’Union fédérative nationale des associations de familles d’accueil et assistantes maternelles (UFNAFAAM), Sandra Onyszko, cela viendrait d’un manque de valorisation de la profession. Non seulement un quart de ces femmes uniquement est agréé depuis 10 ans, mais leur formation annuelle est encore très insuffisante. Avec seulement 160 heures de formation obligatoires, elles n’ont pas la possibilité d’étoffer leurs compétences et ainsi d’évoluer. Ce manque de fidélisation se traduit également par un accès difficile à la médecine du travail, toujours selon la responsable communication de l’UFNAFAAM. Pour elle, la solution à ce phénomène repose donc sur quatre points : une formation obligatoire, des plans de formations, un accès plus facile à la médecine du travail, ainsi que des passerelles vers d’autres professions.

Dans cette même optique, la psychanalyste et psychologue de la petite enfance Sylviane Giampino a proposé de nouvelles recommandations le 9 mai dernier. Elle a publié un rapport sur les orientations pour l’accueil des jeunes enfants afin d’améliorer la situation.

 

En savoir plus sur l’article de la Gazette des Communes.