L’amniocentèse

Bonne nouvelle… vous attendez un enfant ! La joie d’être mère vous submerge, mais elle se mêle à l’angoisse. Pourquoi ? Vous allez devoir passer une série d’examens pour vérifier si votre bébé est en bonne santé. Pour commencer, deux examens médicaux vous sont prescrits par votre médecin, à savoir le tri test et l’échographie. Une amniocentèse peut ensuite être recommandée afin de confirmer que tout va bien.

Sommaire :

Définition
Cadre de prescription
Déroulement de l’opération
Résultats
Risques
Remboursement

 


 

Qu’est-ce que c’est ?

Par définition, l’amniocentèse fait partie de ce qu’on appelle les examens prénataux invasifs. Ce test n’est pas obligatoire pour toutes les femmes enceintes. Elle est seulement recommandée si un risque de maladies chromosomiques – comme la trisomie 21 – est présent. Il s’agit d’un procédé à risque, puisqu’il peut entrainer, dans certains cas, une fausse couche.

Concrètement, le médecin prélève environ 20ml de liquide amniotique à l’aide d’une aiguille très fine qu’il insère dans le sac amniotique. Ce sont surtout les cellules du fœtus qui se trouvent dans ce liquide qui intéresse, notamment celles de la peau, des bronches ainsi que des reins du fœtus. C’est la raison pour laquelle l’amniocentèse est conseillée vers le 4e mois de grossesse, là où les cellules sont bien formées et commencent à apparaître dans le liquide amniotique.

amniocentese
Schéma légendé d’une amniocentèse – Image initiale Creative Commons par Bruce Blaus

Après le prélèvement, on place le liquide dans une centrifugeuse de manière à ce que les cellules émergent. Ces dernières sont alors mises en culture durant une quinzaine de jours. C’est un procédé qui consiste à les ranimer et permettre à nouveau la division cellulaire. Il s’agit de la seule manière d’examiner les chromosomes qui se trouvent dans ces cellules.

Toutefois, l’amniocentèse peut ne pas aboutir au résultat recherché. Dans ce cas, la mère devra revenir plusieurs semaines après ce premier examen pour en passer un autre du fait de :

  • La ponction blanche, c’est-à-dire que le médecin n’a pas eu de quantité suffisante de liquide amniotique ;
  • L’impossibilité d’interpréter le résultat puisque le liquide se mélange avec le sang de la mère.

 

Dans quel cadre la pratique-t-on ?


L’amniocentèse est prescrite pour trois principales raisons :

  • La détection de maladies liées aux anomalies chromosomiques et génétiques, en l’occurrence la trisomie 21 ;
  • La détection d’infections telles que le cytomégalovirus et la toxoplasmose ;
  • La réalisation d’analyses biochimiques, à savoir la bilirubinamnie conseillée pour la détection de la maladie hémolytique du bébé (destruction des globules rouges à cause de l’incompatibilité avec le sang de la mère).

Toutefois, il y a des raisons secondaires qui obligent le médecin à recommander une amniocentèse :

  • L’âge avancé de la mère. Cet examen prénatal est souvent conseillé si la mère a 38ans et plus. Cependant, il n’est pas obligatoire et cette dernière peut décider de ne pas le faire ;
  • Les antécédents familiaux. L’amniocentèse est prescrite si des membres de la famille sont atteints de maladies héréditaires comme la mucoviscidose, des catégories de myopathies, d’anomalie ou de malformation chromosomique ou génétique. Elle est également nécessaire si un des membres de la famille a déjà été victime d’un avortement spontané ;
  • Le contact avec une maladie infantile comme la rubéole ou la varicelle pendant les premières semaines de grossesse ;
  • L’existence d’anomalie génétique chez les autres enfants de la même fraternité ;
  • La mère est catégorisée dans le groupe présentant un risque dépassant 1/250 à la suite du tri test ;
  • La suspicion d’anomalies à l’échographie, notamment une mesure anormale de la clarté nucale, c’est-à-dire de la nuque du fœtus. Si le médecin découvre au cours de la première échographie que l’épaisseur de la nuque dépasse la norme, l’enfant peut être atteint d’une anomalie ;
  • La suspicion d’une infection de l’enfant à naître ;
  • Le développement physique anormal de l’enfant.

 

Le déroulement de l’opération

Avant d’effectuer une amniocentèse, le médecin doit informer la maman sur le déroulement de l’opération. Cela devrait lui permettre de décider librement de poursuivre ou non l’examen tout en étant bien informée. Dans le cas où elle estime que l’amniocentèse lui sera utile, elle peut le communiquer à son médecin. C’est effectivement un procédé qui peut avoir des répercussions psychologiques sur la mère, d’où l’importance de la communication.

Par conséquent, elle peut demander toutes les informations dont elle a besoin aux spécialistes. Ces derniers sont, de leur côté, tenus de bien renseigner leur patiente. Selon les médecins et les sages-femmes, il y a des mères qui délaissent leur bébé jusqu’à l’annonce des résultats, comme si elles avaient oublié leur grossesse. Le fait est qu’il s’agit d’une période très difficile à traverser pour de nombreux parents.

En ce qui concerne l’examen proprement dit, on utilise la table d’examen gynécologique habituel. Afin de mener à bien l’examen et de ne pas toucher au placenta et au bébé, le médecin se fera guider par l’échographie. L’insertion de la longue aiguille se fait par l’abdomen afin d’atteindre la poche des eaux et d’extraire le liquide. Ce prélèvement ne dure pas plus de 5 minutes et la quantité de liquide prélevée est d’environ deux cuillères à soupe. On y trouve des micro-organismes, des matières chimiques ainsi que des cellules de l’enfant. Ces derniers serviront à prouver si l’enfant est vraiment atteint d’une quelconque maladie ou malformation.

Il sera inutile de paniquer si l’on ressent des tiraillements au niveau du ventre après le retrait de l’aiguille. Cela est tout à fait normal. La maman bénéficiera également d’un suivi médical strict après l’examen pour s’assurer qu’aucune contraction de l’utérus n’a été déclenchée. Pendant les jours qui suivent l’amniocentèse, le repos est de rigueur jusqu’à ce que l’état de santé se stabilise.

 

Les résultats

L’analyse du liquide amniotique prend beaucoup de temps : les résultats ne sont généralement communiqués que deux à trois semaines après le prélèvement. Néanmoins il faudra faire preuve de patience, puisque dans la majorité des cas l’amniocentèse permet de s’assurer que l’enfant à naître n’est atteint ni d’anomalies chromosomiques, ni de trisomie 21.

Si le test est positif, il y a deux options possibles :

  • Ne pas interrompre la grossesse et accepter l’état de l’enfant ;
  • Demander une interruption médicale de la grossesse, mais seule la mère peut décider de ce qu’elle veut faire de son enfant.

D’autres malformations chromosomiques peuvent également être détectées pendant l’amniocentèse, mais cela reste rare. Dans ce cas, le médecin confiera sa patiente à un généticien afin d’obtenir toutes les explications utiles sur l’état de l’enfant. Toutefois, ce test ne révèle pas la gravité de l’anomalie intellectuelle ainsi que les éventuelles maladies. Ici encore, les parents peuvent choisir entre poursuivre ou interrompre la grossesse.

 

Risques liés à la procédure

Depuis près de 20 ans, le nombre de femmes ayant eu recours à cet examen a augmenté de cinq fois en France. En 2007, le taux d’amniocentèse a atteint environ 11% selon la Haute Autorité de Santé.

Même si l’on connait déjà les risques de ce procédé, il est indispensable de toujours garder son calme et de prendre du recul sur les proportions annoncées (une mère sur 10 000 rencontrerait un problème lors de la procédure médicale). Il s’agit d’un examen qui n’a aucune répercussion sur l’évolution de l’enfant. Les risques d’avortement après le prélèvement du liquide amniotique, s’ils sont malheureusement toujours existants, restent minimes. Selon les chiffres publics, la possibilité de fausse couche dans les 8 à 10 jours qui suivent l’amniocentèse peut concerner 0,5 à 1% des bébés et 3 à 4% des jumeaux. On citera deux principales raisons à cela :

  • Le liquide amniotique a été infecté ;
  • L’enfant a été blessé à la suite de l’intervention.

Parmi les dangers de l’amniocentèse, il y a également la transmission du VIH, de l’hépatite B de la mère à l’enfant, ainsi que :

  • La perte de liquide amniotique ;
  • La fissure de la poche des eaux ;
  • La prématurité de l’enfant ou le faible poids de naissance à cause du stress que subit la mère après le prélèvement ;
  • La perte de l’enfant (situation très rare).

Une surveillance médicale stricte est exigée à la suite de l’amniocentèse puisque l’acte fragilise la mère et l’enfant. Il est alors indispensable de passer une série d’échographies et de surveillance obstétricale jusqu’à la naissance.

 

Remboursement : l’amniocentèse est-elle prise en charge ?

Il faut débourser environ 500 euros pour une amniocentèse. Bien qu’elle soit onéreuse, elle est totalement prise en charge par la Sécurité sociale sous certaines conditions :

  • Clarté nucale dépassant 3mm à l’échographie ;
  • Taux de tri test dépassant 1/250 ;
  • Mère âgée de 38ans et plus ;
  • Existence d’antécédents de maladies génétiques.

Aucun remboursement ne peut être accordé si l’amniocentèse n’a pas été prescrite par un médecin. Dans le cas où elle dépasse ses honoraires, il suffit de s’adresser à sa mutuelle pour couvrir le reste à charge. Par ailleurs, il est important de noter que le remboursement par la Sécurité sociale ne peut se faire qu’avec l’accord de votre caisse d’assurance maladie.

 

Pour aller plus loin :

Le déroulement d’une amniocentèse sur Ameli : https://www.ameli.fr/assure/sante/examen/gynecologie/deroulement-amniocentese