Le sommeil de l’enfant participe grandement à son développement physique, comportemental, cognitif, émotionnel, social ainsi qu’à sa croissance en général. Pour 25 à 30% des enfants de moins de 6 ans, il peut toutefois être perturbé par différents troubles, de manière transitoire sans que cela soit grave, ou au contraire, avec de réelles insomnies. Cela dépend de plusieurs facteurs, dont l’âge, les conditions de vie ou d’endormissement, l’environnement familial, ou encore différents changements.

 

Focus sur le sommeil de l’enfant

Le sommeil joue un rôle essentiel chez les plus petits. Il permet aux muscles de se reposer et de se régénérer, au corps de sécréter au maximum des hormones de croissance, aux tissus du foie de se reformer, et surtout au cerveau de consolider la mémoire. Pour dormir, l’enfant possède une horloge biologique interne qui commande les périodes de veille et de sommeil en régulant la température de son corps dans le but d’abaisser ou d’accroître sa vigilance. L’environnement, dont la lumière, ainsi que les habitudes sociales au quotidien influencent grandement les missions de cette horloge interne.

Chaque nuit de sommeil d’un enfant débute par une phase d’endormissement suivie de 4 à 6 cycles, eux-mêmes divisés en deux phases chacun. La première correspond au sommeil lent durant lequel son cerveau est moins actif, car il dort profondément. La deuxième appelée « phase de sommeil paradoxal » est caractérisée par une activité cérébrale aussi intense que lors de son éveil durant la journée. C’est aussi durant cette phase que qu’il fait des rêves et bouge rapidement ses yeux bien qu’ils soient profondément fermés.

 

La fameuse durée de sommeil idéale

Cette durée varie bien évidemment en fonction de l’âge de l’enfant ainsi que des facteurs évoqués précédemment. Elle correspond en pratique à une nuit de sommeil qui lui permet d’être bien éveillé et en parfaite santé le lendemain matin.

L’organisme américain NSF (National Sleep Foundation) œuvrant dans l’éducation du sommeil a réalisé plus de 300 études pour déterminer les moyennes de durées idéales de sommeil suivantes en fonction de l’âge :

  • 14 à 17h/jour de 0 à 3 mois ;
  • 12 à 15h/jour de 4 à 11 mois ;
  • 11 à 14h/jour de 1 an à 2 ans ;
  • 10 à 13h/jour pour les moins de 5 ans ;
  • 9 à 11h.jour de 6 à 13 ans ;
  • 8 à 10h/jour de 14 à 17 ans ;
  • 7 à 9h/jour de 18 à 25 ans ;
  • 7 à 9h/jour de 26 à 64 ans ;
  • 7 à 8h.jour pour les 65 ans et plus.

Cela permet ainsi de détecter les éventuels troubles, leurs causes et les mesures à entreprendre pour les éviter et/ou les gérer.

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Récapitulatif sous forme de graphique de la durée de sommeil idéale. Crédits Journal de Montreal.

 

Les simples perturbations transitoires

Hormis les cas psychiatriques et les problèmes médicaux, le sommeil d’un enfant en bonne santé peut être perturbé par différents faits, regroupés en deux principales catégories : les dyssomnies et les parasomnies. La première désigne des troubles qui dégradent la quantité et la qualité du sommeil (réveils nocturnes et difficultés d’endormissement), tandis que la seconde catégorie regroupe des phénomènes et comportements anormaux durant les périodes de repos (cauchemars, somnambulismes, terreurs nocturnes).

On peut également citer des troubles mineurs ou transitoires provoqués par des événements temporaires ou spécifiques comme une simple erreur des parents quant aux rythmes correspondant aux besoins en sommeil des plus petits de la famille. Ce dernier peut alors avoir des difficultés à s’endormir ou même à dormir toute la nuit. Le cododo, les heures du coucher (trop tôt ou trop tard), l’environnement physique et émotionnel en famille sont autant de facteurs qui peuvent troubler le repos d’un enfant. Celui-ci peut également être perturbé par la présence ou non de lumière, d’une musique, de doudou ou de nounours ou encore d’un parent, en fonction de ses habitudes.

Enfin, les perturbations mineures peuvent être causées par une alimentation trop chargée (aliments difficiles à digérer, trop de boissons avalées…) ou par les coliques du nourrisson. Quoi qu’il en soit, ces problèmes peuvent être facilement résolus ou évités en écoutant les besoins de l’enfant tout simplement. Mais dans certains cas, l’insomnie peut-être réelle.

 

Les différentes insomnies réelles

Avant 6 ans, un enfant sur trois est sujet aux troubles du sommeil, les dyssomnies ou les parasomnies.

 

1. Les cas de dyssomnies

Il s’agit de perturbations qui provoquent un temps de sommeil trop court ne permettant pas à l’enfant de bien se reposer. Elles correspondent à deux types de trouble : les difficultés d’endormissements et les réveils nocturnes.

Les difficultés d’endormissement sont souvent dues au développement psychomoteur de l’enfant ou aux habitudes inculquées par les parents. Plus enclin à jouer qu’à dormir, le petit tentera incessamment de retarder l’heure du coucher, notamment en affirmant son autorité (entre 2 et 3 ans) ou en inventant des excuses : une dernière petite histoire, un monstre sous le lit, etc. Il rappelle alors ses parents et pleure quand ces derniers n’y font pas attention. Un bébé peut aussi avoir du mal à s’endormir lorsque sa mère reprend son travail après le congé de maternité par exemple. Il peut également avoir l’habitude d’être bercé dans les bras de l’un de ses parents pour s’endormir et n’y arrive plus autrement.

Les réveils nocturnes, quant à eux, touchent la plupart des bébés de 9 mois à 3 ans et même les tout-petits de 3 à 6 mois qui viennent à peine de faire leurs nuits. Et de 1 an jusqu’à 3 ans, ils peuvent se réveiller trois fois en une nuit, de minuit à 5 heures du matin, et retournent ensuite se coucher par eux-mêmes. Lorsqu’ils n’arrivent plus à se rendormir, ils pleurent ou appellent leurs parents pour les rassurer. Le cas échéant, le temps d’éveil devient de plus en plus long tout comme le temps nécessaire pour se rendormir.

 

2. Les cas de parasomnies

Cela concerne les comportements inconscients et involontaires qui se produisent pendant l’endormissement, le sommeil ou les réveils partiels. L’enfant exprime des émotions, il bouge et s’agite ou fait des rêves inconscients. On parle alors de cauchemars, de somnambulisme ou de terreurs nocturnes. En général, les parasomnies n’ont pas d’incidence sur le lendemain sauf lorsqu’elles sont trop fréquentes.

Hormis une éventuelle prédisposition génétique, les parasomnies peuvent être causées par la fatigue, la fièvre, une importante activité physique au cours la journée, un médicament non adapté (qui agit sur l’activité cérébrale) ou une irrégularité des horaires de sommeil. Un environnement trop bruyant pendant l’assoupissement ou le stress dû au changement sont également à l’origine de certains troubles. Cela peut se produire lorsque l’enfant entre pour la première fois à la crèche ou lorsque la famille est en voyage par exemple.

    1. Les cauchemars

Entre 1 an et 8 ans, les enfants font naturellement des cauchemars. Ce sont de mauvais rêves dans lesquels ils aperçoivent des images ou des faits angoissants qu’ils croient réels jusqu’à leurs 4 ans. Cela se produit en fin de nuit, durant la phase de sommeil paradoxal, sous forme d’une mise en scène qui extériorise l’angoisse et les frustrations.

Concrètement, il rêve des différents conflits entre ses envies et les interdits, des phases douloureuses et frustrantes de toute une journée, notamment l’apprentissage de la marche, du langage, etc. Le petit est alors réveillé, crie et pleure pour réclamer ses parents et se souviendra de son cauchemar le lendemain.

Cette période naturelle fait partie des phases de son développement psychologique et ne devrait donc pas inquiéter les parents. Ils n’auront qu’à le rassurer et essayer de détecter les raisons de son angoisse. Les cauchemars sont plus fréquents entre 3 et 6 ans, mais lorsqu’ils sont relativement intenses et trop répétés, l’anxiété peut être profonde. Il faudra alors y remédier en déterminant les éventuelles tensions dans la famille, à l’école, etc.

    1. Les terreurs nocturnes

À l’inverse des cauchemars, les terreurs nocturnes se produisent durant les trois premières heures de la nuit, pendant la phase de sommeil profond. Il s’agit de faits spectaculaires et rares (3% des pré-adolescents de moins de 15 ans, avec prépondérance des garçons) où l’enfant ouvre les yeux avec un regard vague pendant qu’il est debout ou assis sur son lit. Il hurle, respire mal et s’agite, et surtout ne reconnaît pas ses parents puisqu’il est encore en train de dormir.

Ces types de cauchemars éveillés, malgré leur apparence, sont des faits banals sans gravité qui n’ont aucun effet sur la santé de l’enfant. Cela ne dure d’ailleurs que dans de courts instants au bout desquels il va se rendormir, et il ne s’en souviendra pas à son réveil. Les parents doivent toutefois savoir agir calmement en lui chuchotant des mots rassurants tout en évitant de le réveiller au risque de produire des confusions dans sa tête et de le perturber dans son sommeil. Dans le cas contraire, il peut devenir agressif puisqu’on a interrompu sa nuit « paisible ». Pour aller plus loin, consultez notre guide : aider un enfant sujet à des terreurs nocturnes.

    1. Le somnambulisme

Comme les terreurs nocturnes, le somnambulisme se produit lors de la phase de sommeil profond et touche davantage les garçons que les filles. 15 à 40% des enfants de 6 à 12 ans ont déjà été sujets à ce phénomène et 1 à 6% sont de vrais somnambules avec des manifestations multiples chaque mois. Pendant 5 à 30 minutes, l’enfant est inconscient puisqu’il n’est qu’à moitié réveillé : il a les yeux grands ouverts avec le regard vague, sort de son lit et déambule lentement dans la maison.

Certains font même des gestes du quotidien, mais ils sont relativement maladroits : ils peuvent se servir à boire dans la cuisine ou éviter les meubles lorsqu’ils marchent par exemple. Certains peuvent néanmoins vivre des cas réellement dangereux au risque de se blesser et de chuter. Cela concerne davantage ceux qui arrivent à descendre les escaliers, à escalader les meubles et même à sortir de la maison alors qu’ils dorment. Il est toutefois facile de les reconduire doucement dans leur lit. Étant dans la phase de sommeil profond, l’enfant ne se souviendra de rien le lendemain. Ce trouble disparaît généralement à l’âge de la puberté.

    1. Les autres cas de parasomnies

D’autres troubles du sommeil moins spectaculaires que les parasomnies précitées peuvent également perturber la nuit d’un enfant. La somniloquie par exemple est le fait de parler en dormant, de sortir une vague phrase liée à des événements ou des émotions. Celle-ci peut toutefois être très élaborée lorsqu’elle est prononcée pendant la phase de sommeil paradoxal.

Il y a également l’énurésie, le fait de faire pipi au lit involontairement après l’âge de 5 ans. Au cours de l’endormissement ou du sommeil lent, un enfant de 6 mois à 4 ans peut également réaliser des balancements rythmiques de la tête ou du corps : c’est la rythmie. Elle peut être dangereuse lorsque le sujet se frappe par exemple la tête avec la tête du lit ou les barreaux latéraux. Les parents peuvent bien évidemment éviter à leur enfant de se faire mal en ajoutant des tours de lit par exemple. Dans ce cas, ces faits demeurent banals et sans incidence ni lien avec la santé de l’enfant.

Enfin, le bruxisme correspond à des grincements de dents pendant le repos, tandis que les sursauts du sommeil sont des secousses brutales de tout ou une partie du corps, pouvant même réveiller l’enfant.

 

Les répercussions des problèmes liés au sommeil sur l’enfant

Lorsque le sommeil d’un enfant est trop perturbé, il n’est plus en forme le lendemain et ne peut compenser ce manque que sur plusieurs jours. Les troubles peuvent alors causer une somnolence au cours de la journée ainsi que des problèmes du comportement (agressivité, hyperactivité…). Ils favorisent également les risques de surpoids et causent des difficultés d’apprentissage à l’école : défaut de concentration et d’attention, perturbation de la mémoire, baisse de motivation, etc.

Quoi qu’il en soit, ces différents troubles du sommeil ne devraient inquiéter les parents que lorsqu’ils sont trop fréquents (plusieurs fois par semaine), durent trop longtemps (déambulation dans le somnambulisme) ou deviennent trop intenses (cauchemars, rythmies, sursauts). Il existe notamment des traitements médicamenteux destinés aux bambins sujets à des parasomnies dangereuses ou qui perturbent considérablement la vie familiale.

Pour les enfants en bas âge, il est recommandé d’établir un agenda des phases de repos correspondant à leurs besoins. On peut par exemple introduire une sieste au cours de la journée pour que le sommeil lent ne soit pas trop profond lorsque l’enfant est sujet au somnambulisme ou aux terreurs nocturnes.

Pour aller plus loin : Site de la Fondation Sommeil